David Kopa wa Kopa et Birgit Ricquier. 2023. « Les labiales-vélaires et l’histoire linguistique de trois langues bantu orientales : ɛnyá, mokpá et metóko ». Linguistique et langues africaines [En ligne] 9(2). https://doi.org/10.4000/lla.13070 .
Les langues ɛnyá (ISO : gey, Guthrie : D14), mokpá (pas de ISO, Guthrie : D142) et metóko (ISO : zmq, Guthrie : D13) sont de rares exemples de langues bantu orientales contenant des labiales-vélaires. Les trois langues forment une branche du sous-groupe lega, et sont parlées au sud de Kisangani (République Démocratique du Congo), au sud-est d’une zone de convergence appelée « Macro-Sudan belt ». L’analyse du lexique concerné et de l’inventaire phonologique indique que l’occurrence des labiales-vélaires en ɛnyá, mokpá et metóko pourrait être expliquée comme une innovation phonologique. Toutefois, la proximité des trois langues lega à l’égard des autres langues à labiales-vélaires suggère que l’innovation ne s’est pas produite indépendamment, mais devrait être attribuée au contact linguistique. L’analyse de l’inventaire phonologique d’autres langues parlées aux alentours de Kisangani nous permet d’identifier le mbole (ISO : mdq, Guthrie : D11) comme une langue bantu susceptible d’avoir influencé les langues lega. Il s’agit plus précisément d’une langue du sous-groupe haut-congo. L’étude de cas présenté ici constitue une contribution à la connaissance des contacts historiques entre langues bantu, et révèle le rôle non-négligeable des langues bantus dans la diffusion des labiales-vélaires, des phonèmes qui à l’origine ne faisaient pas partie de l’inventaire bantu.