« Espaces sociaux, langues et matérialités dans l’histoire du bassin congolais septentrional », un colloque international en sciences humaines et sociales à l’Université de Kisangani

Du 17 au 21 juin 2024, plus de 50 chercheurs en sciences humaines et sociales de différentes nationalités se sont réunis à l’Université de Kisangani, en République Démocratique du Congo, pour le colloque « Espaces sociaux, langues et matérialités dans l’histoire du bassin congolais septentrional ». Les thématiques au cœur du colloque : les échanges, les circulations et les rencontres de personnes, de techniques et de langues dans le Bassin du Congo, et lié à cela, les dynamiques d’identification. Cette semaine de communications et de discussions riches et de grande qualité a largement dépassé nos attentes. À l’heure des débats académiques sur la décolonisation de la science, elle nous a montré à quel point il peut être bénéfique d’organiser des événements scientifiques dans les lieux et avec les collègues où se déroulent les recherches.

Comme vous pouvez le lire sur notre site, le projet BANTURIVERS s’investit depuis 2019 dans des collaborations avec des linguistes et sociologues de l’Université de Kisangani. Grâce aux collaborations avec des collègues congolais (de l’UNIKIS et de l’IMNC), le projet a pu réaliser la documentation lexicale en plus de 50 langues, la documentation ethnographique de techniques de pêche en province de la Tshopo, et des fouilles archéologiques au long du fleuve Congo et ses tributaires la Lualaba et la Lomami. Le projet prenant fin en décembre 2024, il était temps de partager ses résultats. Le colloque était centré sur les thématiques chères au projet, c’est-à-dire la formation historique d’espaces sociaux depuis les expansions bantoues jusqu’à aujourd’hui, avec un intérêt particulier porté à la distribution spatiale des réseaux d’échanges économiques, sociaux et politiques, des langues et de la culture matérielle (styles et techniques de la poterie, métallurgie, pêche). Sont apparus comme des thèmes indispensables pour la recherche à venir : l’importance de l’histoire pour la compréhension des défis actuels; les perturbations environnementales; et l’importance historique des échanges, du commerce et des activités économiques.

Le colloque a été organisé par les institutions impliquées dans le projet BANTURIVERS, notamment l’Université libre de Bruxelles, l’Université de Kisangani et le Africamuseum. À part le financement européen et le support logistique de l’UNIKIS, l’évènement a bénéficié d’une aide financière du Vice-Rectorat aux relations extérieures et à la coopération et d’un crédit de la Faculté de Philosophie et Sciences Sociales. L’ULB était bien représentée, avec les membres de l’équipe BANTURIVERS (Daou Véronique Joiris – en ligne, David Kopa wa Kopa, Elizabeth Kujath, Peter Lambertz, Alexandre Livingstone Smith, Laurent Nieblas Ramirez et Birgit Ricquier), mais aussi avec Xavier Luffin et Hélène Mavar Manga Sodila (en ligne), qui nous ont parlé respectivement des documents en écriture arabe et de la conservation de la pharmacopée à travers la linguistique. L’Université de Kisangani était représentée par 19 participants, entre autres les co-organisateurs Nicolas Mombaya Liwila et Victor Yaaya Liagologa. Nous avons aussi accueilli des collègues d’autres institutions congolaises et des pays lointains comme le Cameroun, l’Allemagne, les Pays-Bas et les Etats-Unis, sans compter les participants en ligne qui suivaient le colloque depuis la Belgique, la France, l’Allemagne, le Cameroun et le Japon.

Le colloque prévoyait aussi du temps pour des activités de convivialité, entre autres une visite aux Chutes Wagenya et une excursion par baleinière sur le fleuve Congo avec un apéritif offert par l’asbl Mobeka. La randonnée était suivie par un diner « Au bord du fleuve » (nom du restaurant mais à comprendre littéralement). Le colloque a ainsi fourni de nombreuses occasions de nouer et de renforcer des liens avec les pairs.

Quelques impressions :

Ce fut la toute première fois qu’un colloque international en sciences humaines et sociales s’est tenu à l’Université de Kisangani. Nous étions plus de 50 chercheurs de différentes nationalités, entre autre de la RDC, du Cameroun, de la Belgique, de l’Allemagne, des Etats-Unis, etc.

Une semaine de communications et de discussions riches et de grande qualité. Sur la photo : des collègues de l’UNIKIS, de l’Université de Yaoundé I (Cameroun) et de l’ULB.

Le colloque terminait avec une table ronde sur le rôle et l’utilité de la recherche en sciences humaines et sociales aujourd’hui et dans l’avenir (gauche : Stephanie Rupp – Lehman College / City University of New York, centre : La joie Vutseme Sokoni – UNIKIS, droite : Victor Yaaya Liagologa – UNIKIS).

La randonnée à bord du MB Mobeka fut organisée par l’initiative d’anthropologie appliquée Mobeka (voir www.mobeka.org).

Litanga ya mayele (Lingala : sac de pensées) : au lieu d’un sac de conférence en tissu importé et non renouvelable, nous avions commandé cinquante litanga (gibecières) à la communauté forestière de Yamosenge 2, avec laquelle nous avions étudié les techniques de pêche : chaque litanga étant une pièce d’artisanat unique, leur présence à la conférence a valorisé et encouragé le savoir-faire local plutôt que la fuite des compétences et des capitaux.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *