Archéologie

Les archéologues assurent les preuves directes de l’histoire de peuplement du Bassin Congo oriental à travers des fouilles, et mettent en relation la culture matérielle du présent et du passé à travers des interviews avec des artisans contemporains.

Jusque récemment, la région autour de Kisangani était un des vides sur la carte archéologique de la RDC. Les fouilles du River Connaissance Project (Eggert 1987, 1992, entre autres ouvrages; Wotzka 1995) sont plutôt situées vers l’ouest, dans l’intérieur du Bassin Congo au long des tributaires du fleuve Congo entre le Lac Tumba et la rivière Lulonga, tandis que les sites de Mercader se trouvent plus vers le nord-est, au nord d’Epulu (Mercader 2003). Les seules données sur la partie orientale du Bassin Congo ont été obtenues par les archéologues de l’équipe BANTURIVERS lors des sondages en 2010 et 2013. Les sites fouillés montrent la présence de villages à l’Aruwimi, au Lomami et au Lindi entre 2200 et 1900 BP. Les analyses de poterie révèlent des différents styles de production de pots, entre autres un qui semble avoir ses origines dans le Sahel (Livingstone-Smith et al. 2016). Les résultats préliminaires sont prometteurs par rapport à la découverte du passé de l’actuel carrefour culturel.

Le premier objectif de la partie archéologique du projet est d’assurer des preuves directes de l’histoire de peuplement de la région. Selon les conditions de préservation des sites fouillés, on pourrait même trouver des preuves directes de stratégies de subsistance passées, comme l’exploitation des rivières. Les archéologues établiront le cadre chronologique et culturel des communautés vivant en forêt équatoriale aujourd’hui. Suite aux problèmes de préservation dans les sols acides sous couverture de forêt, l’archéologie porte surtout sur les fragments de pots et des récipients en céramique, ainsi qu’avec des outils lithiques et les débris de leur fabrication. La méthode de sondage la plus efficace est orientée sur les rivières et même si ceci introduit un préjugé pour l’identification de l’occupation des bords de rivières, la méthode a démontré sa valeur en explorant la végétation dense des bords des rivières en forêt équatoriale. Des sondages à grande échelle à l’intérieur du Bassin Congo ont révélé le potentiel de reconstruire de l’occupation pour les dernières 2500 années dans la région (Wotzka 1995; Eggert 2014) et la méthode a été appliquée avec succès aux courbes nord-est du fleuve Congo incluant les parties inférieures de ses tributaires (Livingstone-Smith et al. 2016).

Deuxièmement, des données contemporaines seront collectées afin d’étudier les techniques de poterie, les échanges et les réseaux au passé et au présent. Des interviews avec potières assureront des détails sur la chaîne opératoire et le côté social de la profession, de l’information qui n’est pas facilement disponible pour les pots fouillés et qui donnent des indices sur les artisans et réseaux qui les ont façonnés.

Références

Eggert, Manfred K.H. 1987. Archäologische Forschungen im zentralafrikanischen Regenwald. In: Portner, R. & Niemeyer, H.G. (eds.). Die großen Abenteuer der Archäologie, Band 9. Salzburg: Andreas Verlag, pp. 3217-3240.

―. 1992. The Central African Rain Forest: Historical Speculation and Archaeological Facts. World Archaeology Vol. 24 (1): 1-24.

― 2014. The archaeology of the Central African rainforest: Its current state. In: Renfrew, C. & Bahn, P. (Eds). The Cambridge World Prehistory (1). New York: Cambridge University Press. pp. 183–203.

Livingstone-Smith, A., Cornelissen, E., de Franquen, C., Nikis, N., Mees, F., Tshibamba Mukendi, J., Beeckman, H., Bourland, N. & Hubau, W. 2016. Forests and Rivers: The Archaeology of the North Eastern Congo. Quaternary International.

Mercader, J. 2003. Foragers of the Congo. The early settlement of the Ituri Forest. In: Mercader, J. (ed.). Under the Canopy. New Brunswick: Rutgers University Press. pp. 93-116.